TILT: Exposition Personnelle de Rémi Groussin
TILT
Ce mot aux multiples utilisations est un anglicisme emprunté à l’univers des jeux de bars.
Le Tilt intervient lorsque que l’on malmène trop un flipper au cours d’une partie effrénée. Il se met en état de veille et interrompt toutes possibilités de continuer le jeu. Sur le fronton, le mot s’allume, il scintille, sonne et résonne. Tilt devient un son. Il claque.
C’est à partir de là que Rémi Groussin envisage sa première exposition personnelle à la galerie UN-SPACED. Le flipper comme espace devient un point de départ pour déstabiliser le rôle trivial de ces engins. Les deux principaux flippers fonctionnels pré- sentés dans l’exposition ont été transformés. L’un est en miroir clair et l’autre en miroir noir. Une dualité, une confrontation, l’un serait l’envers de l’autre. À moins qu’il ne soit son pendant? Les différentes matérialités de ces objets reflètent l’espace de la galerie et en distordent la perception. L’œuvre est contextuelle et fait sens dans le lieu. D’autres éléments qui sont des rebus de la fabrication même de ces flippers ou bien des ersatz de stockages viennent eux aussi se refléter dans les miroirs. Des as- semblages s’apparentant parfois à du mobilier décrivent un espace de stockage en cours d’inachèvement. Toutes les œuvres exposées ont comme point commun un rapport à la lumière et à la réflectivité. Rémi Groussin aborde le miroir dans toute sa complexité en utilisant à la fois des chromes dépolis, des adhésifs brillants et d’autres surfaces réfléchissantes qui questionnent notre rapport sensible au regard comme une réalité médiane. À l’instar de la pensée philosophique d’Emanuele Coccia que l’on retrouve dans son ouvrage : « La vie sensible », TILT pointe du doigt une certaine forme de complexité visuelle ouvrant la voie à de possibles mondes parallèles.
« Le mode d’être des images est au coeur de cette réflexion. Elles n’ont ni épaisseur ni poids et malgré tout ne se réduisent pas
à néant. Leur pouvoir est de multiplier indéfiniment les formes, de les faire exister ailleurs : quand je me regarde dans un miroir,
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je suis à la fois ici et là. Le sensible est multiplication, bain infini où nous produisons sans cesse des formes nouvelles »
LA VIE SENSIBLE d’Emanuele Coccia. Traduit de l’italien par Martin Rueff. Payot et Rivages, « Bibliothèque Rivages », 160 p.,
L’exposition TILT présente une partie des œuvres produites lors de la résidence de création de Rémi Groussin portée par Zé- bra3 au sein de l’entreprise d’événementiel Les Ortigues, dans le cadre du programme « Résidences d’artistes en entreprises » du Ministère de la Culture – Drac Nouvelle-Aquitaine.